Danse

Debout, elle tourne le dos au public. Enroulement, pointe des  pieds et mains au contact du sol. Recroquevillée. La musique se fait entendre, des notes qui tintent, une suggestion douce et légère, une cymbale aigue. La danseuse se déroule, lentement, puis simultanément au premier son du tambour, Bam! Elle finit de déployer son corps en un mouvement rapide. La voilà les bras tendus à 45° de chaque côté de sa tête, paumes vers le ciel. Elle ne bouge plus. Bam, Bam, Bam continue de frapper le tambour. Jambe droite à l’écart .Balancement de droite à gauche. Elle est toujours de dos, les mains bougent vers l’intérieur. Balancement vers la gauche, les mains se replient extrémités des doigts  vers la tête, balancement vers la droite, inversement vers l’extérieur. Les bras commencent à s’écarter petit à petit et poursuivent, intérieur, extérieur, les mains font d’élégantes rotations, mains étirées. Les épaules suivent en alternance, roulement en avant, roulement en arrière. Tambour battant, Bam, Bam, Bam !

Le buste a perdu toute  immobilité.

Quand allons-nous voir son visage ?

Les jambes se plient, bras à l’horizontale, le côté gauche bascule vers la droite, bras gauche en bas, bras droit en haut, jambe gauche remontée, pliée, jambe droite tendue sur une demi-pointe. Volte-face, visage éclairé par un projecteur, traits illuminés par un sourire.

Elle ferme les yeux, on devine l’inspiration et la montée du diaphragme avec les épaules. Les paupières se lèvent et tout redescend. Nuque et tête s’inclinent, le regard vers les planches de la scène.

Puis accélération, Bam, Bambam,Bam ; Bam,Bambam,Bam ! Elle court en faisant le tour passant à la limite des coulisses côté cour et jardin, près des rideaux, vers le fond. Elle resserre sa ronde petit à petit, puis se fige trois secondes en son centre et tournoie, bras tendus, visage vers les cieux. Cadence soutenue, multiples tours sur elle-même.

Vertiges, elle chancèle, titube et se laisse tomber, en une douce retenue rendue difficile par le déséquilibre qu’elle ne peut pas contrôler, abandon à la gravité. Inspiration, expiration, le décor se stabilise. Posture de l’enfant, à genoux, torse vers l’avant, bras tendus.

La musique s’éteint, le cœur tambourinant Bam Bam Bam Bam, elle se lève et reste l’expression du corps. La chorégraphie devient la musique, le rythme est dicté par la coordination des bras et des jambes. Harmonie entre intérieur et extérieur, vers le haut et vers le bas, terre et ciel, connexion à soi, unité avec le monde.

Les applaudissements se font à l’intérieur.