Les gelées hivernales nous plongent dans les profondeurs de notre intériorité. Nous essayons d’y fuir nos blessures d’âmes que nous subissons telles des morsures du froid. Partout on trouvera à différentes strates, rancune et rancœur, trahison, humiliation, injustice, colère et tant d’autres. Le temps qui passe est censé apaiser les cœurs et les esprits, mais la douleur est ravivée au moindre prétexte. Dans ces ténébreuses émotions qui engourdissent, on ne voit pas la petite flamme. Pourtant elle existe, légère, vacillante et brillante : le pardon.
Le pardon porte l’espoir de jours meilleurs. Il est l’étendard de la libération. Tout d’abord, il convient d’accorder le pardon à sa propre personne pour ses erreurs, sa part de responsabilité, pour avoir subi et avoir cru. Se pardonner de s’être laisser embarquer dans des histoires et des états qui ne nous ressemblaient pas. Alors au passage, ce pardon nous en apprend plus sur nous-mêmes et nos limites ; il nous permet de réévaluer ce que nous souhaitons et ce que nous ne voulons plus.
Pardonner n’est pas de la faiblesse, ni se rabaisser ou une quelconque position d’infériorité, c’est un don de soi, une décision à prendre pour soi. Pardonner est choisir de ne plus souffrir pour stopper les blocages émotionnels qui maintiennent et entretiennent l’animosité et tout ce qui va avec.
Accorder son pardon amène au détachement vis-à-vis de la situation conflictuelle et /ou blessante. Elle ne provoque pas obligatoirement le détachement avec la ou les personnes à qui on en veut, car de plus nous ne sommes pas forcément attaché aux personnes. Il peut s’agir d’un inconnu. Quand on connait les personnes et/ou qu’elles font partie des êtres chers, cela peut mettre une distance nécessaire, quelques barrières qui viendront redéfinir les règles, poser des jalons dans la relation pour être sur une bonne base et une meilleure entente.
Donner son pardon, n’est pas être frappé d’amnésie et oublier ce qui nous a causé douleurs et tourments. C’est avant tout un nouveau départ pour soi car rien ne sera comme avant. L’événement traumatisant nous aura bouleversé et changé et le pardon viendra apporter l’équilibre pour commencer à ressentir différemment. Eloigner peu à peu les sentiments délétères et destructeurs.
Pardonner est un acte pour se faire du bien à soi-même, il n’est pas fait pour faire plaisir à l’autre.
Une fois le pardon accordé, les transformations opèrent petit à petit. Il peut provoquer un grand soulagement pour l’autre et pour soi-même. Cela paraît incroyable tant qu’on ne l’a pas expérimenté. Au fil des jours, on se sent plus apaisé, plus serein. C’est un renoncement à la colère.
Le pardon n’aboutit pas toujours à une réconciliation avec l’autre mais il vient délivrer.
Pardonner est un acte d’amour envers soi et un cadeau pour l’autre.