Le deuil

Le deuil est un processus universel qui s’enclenche tout seul à l’annonce du décès d’un proche. Il est à la fois un mécanisme de défense, de protection, d’adaptation et un ami qui vous prend par la main pour avancer vers la guérison. Comprendre ses mécanismes est fondamental pour pouvoir cheminer. Avec le deuil rien n’est linéaire, les ascenseurs émotionnels s’invitent, les montagnes russes deviennent une attraction redoutée mais ces hauts et ces bas sont bien la vie qui s’exprime dans notre être.

Combien de temps dure un deuil ?  Communément, la société nous fait croire qu’un deuil dure un an. Et que se passe-t-il donc après ? Rien du tout, je veux dire par là, pas de magie, les souffrances, l’absence, le manque sont là, le deuil continue, la vie aussi. La bonne réponse est que le deuil dure toute une vie ! Et oui on ne fait pas son deuil, on ne termine pas un deuil, le deuil fait partie de nous et dépend du  lien subjectif que l’on va créer avec la personne disparue.

Le deuil comporte des étapes avec souvent des allers-retours entre chacune d’elle et de durée variable.

Le choc- L’annonce- La sidération :Première étape qui démarre un deuil : L’impression que tout s’écroule, l’immobilité, incapacité de penser. Le cerveau va bloquer un certain nombre de choses pour digérer l’information et permettre à l’individu de continuer à vivre en préservant les fonctions vitales. Le corps prend lui aussi une décharge et va faire le strict minimum pour ménager l’humain. Ces blocages peuvent engendrer des difficultés pour respirer (diaphragme bloqué) , pour se nourrir (perte d’appétit) , se déplacer (impression de ralenti)

Cette première étape peut durer de quelques jours, semaines ou mois. C’est l’intégration du choc qui va en déterminer la durée.

La fuite-recherche : c’est la deuxième étape pendant laquelle l’endeuillé se raccroche à tous les souvenirs avec le défunt. Elle dure plusieurs mois et se chevauche souvent avec la première le temps que l’intégration du choc se fasse. Pendant cette période, l’endeuillé peut se couper de son monde social à cause du décalage entre ce qu’il vit et ce que la société attend d’une personne endeuillée (croyance que le deuil dure un an)

La déstructuration : alors là on est en plein dedans, tous les repères ont volé en éclats, les habitudes changées. La douleur de l’absence est vive. Beaucoup d’émotions se succèdent : injustice, colère, culpabilité, peur. La fatigue s’est installée avec certains autres troubles. Cet état ressemble à une dépression mais ce n’en est pas une, c’est le travail de deuil.

La restructuration : c’est cette étape qui va faire que le deuil s’étire sur toute la vie.  La personne en deuil a redéfini son lien, sa relation avec le défunt. Les changements, les nouvelles données sont implémentées dans son programme. Bien sûr il existe encore des allers-retours avec les autres étapes, surtout celle de la déstructuration,  mais les hauts durent longtemps et les bas se réduisent.

La première année est très importante car tout ce qui va se dérouler sera sans la personne décédée et sera accentué par toutes les premières fois et se terminera par la date   « anniversaire » du décès. Au terme de cette première année, souvent les endeuillées font des va-et-vient entre la deuxième et la troisième étape.

La question du deuil concerne tout le monde et mérite d’être connue pour être moins subie.

*Sources Christophe Fauré Vivre le deuil au jour le jour